La conservation de la lettre du prophète à Héraclius, empéreur byzantin ou chef des romains (l'empire byzantin constituait la partie orientale de l'empire romain).
Le contenu de la lettre cadre bien avec l'histoire de la période.
Héraclius était bien connu du prophète Muhammad (Que le salut et la bénédiction de Dieu soient sur lui), qui avait attentivement suivi ses guerres avec les Iraniens, comme le témoigne la sourate 30 du Qur'ân appelée "ar roûm".
"Les Byzantins ont été vaincus dans la terre la plus basse de la Terre (adnâ al ard). Mais après leur défaite, ils seront à leur tour vainqueurs, dans quelques années. A Dieu appartient la décision, dans le passé comme dans le futur. Ce jour-là, les croyants se réjouiront du secours de Dieu. II donne la victoire à qui II veut. 1l est Le Puissant, Le Miséricordieux. C est une promesse de Dieu. Dieu Ne faillit jamais à Sa Promesse, mais la plupart des hommes ne savent pas". (Coran 30 versets 1 à 6)
Cette remarquable Révélation (comme tant d'autres dans le Coran) parut après que le roi sassanide de Perse Khosrô II (Chosroes Parviz, qui régna de l'an 590 à 628 de l'ère chrétienne), eût envahi l'empire byzantin (Syrie-Palestine-Asie Mineure), jusqu'à Chalcédoine sur le Bosphore (609), avant de conquérir Jérusalem (614) et l'Egypte (618). Naguère si puissant, l'empire fut complètement dévasté. De plus, les querelles religieuses qui s'élevèrent par la suite, finirent par accentuer la division du pays. Personne à l'époque ne pouvait imaginer qu'un pays réduit à cet état, exsangue et ruiné, allait pouvoir renaître de ses cendres. Or, c'est précisément à cette époque, que le Prophète Mohammed eut communication de la Révélation annonçant le retour des Byzantins et leur proche victoire sur les Perses sassanides !
La prédiction paraissait incroyable, tant les forces en présence étaient disproportionnées. Pourtant c'est bien ce qui allait se dérouler et l'impensable événement se réalisa totalement et conformément aux prévisions du Livre Sacré. L'empereur byzantin, Héraclius 1er (575-641), qui venait de monter sur le trône quelque temps auparavant, prit en main l'organisation de l'empire. Il mit fin aux menaces des troupes étrangères, reconstruit et consolida son armée et lança une vaste offensive contre les troupes de Khosrô ll qui furent chassées d'Asie Mineure, avant d'être écrasées en Mésopotamie.
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( La sourate 30 du Qor'ân appelée "ar roûm" fut révélée vers l'an 620 après J.C, soit près de 7 ans après la défaite cinglante infligé par les perses aux chrétiens de byzance, où les byzantins perdirent Jérusalem) Dans le 3ième verset de la sourate 30, nous apprenons que les Romains devaient être vaincus dans la région la plus basse du monde ( l'expression originale en arabe "adnâ al ard" et certains la traduisent par "pays voisin" mais ce n'est pas le sens exact. Le mot "adnâ" est dérivé du mot "dânî" qui signifie "bas", et "ard" signifie la "Terre". "adnâ al ard" désigne donc le point le plus bas de la Terre). Les batailles crutiales de la guerre entre l'empire byzantin et les perses, au cours desquels Jérusalem a été perdu, se sont déroulés dans le bassin de la mer morte, région qui est effectivement, comme annoncé dans le Qoran à une époque où on ne possédait pas les techniques permettant cette connaissance, l'endroit le plus bas de la Terre. (La mer morte s'étend à 392 m au dessous du niveau de la mer). C'est un signe parmi d'autres que le Qoran est une révélation divine. (Pour plus de détails: voir harun yahya "miracles du Qoran" conformité des paroles qoraniques avec la science et l'histoire). |
Le prophète et les croyants avaient un sentiment tendre envers Byzance; nous voyons cela dans la sympathie publiquement manifestée par le Qor'ân pour les Byzantins chrétiens, lors de leur défaite par les Iraniens idolâtres, et dans la prédiction divine du renversement de la situation « en moins de dix ans » (ce qui arriva comme annoncé par le Qoran 7 ans après sa prédiction, en Décembre 627 après J.C, ce dont tous les Hommes de l'époque furent témoins). Cette victoire se produisit à la bataille de Ninive, entre Byzance et l'Empire perse: l'armée byzantine vainquit les perses qui, quelques mois plus tard, signèrent un traité par lequel ils restituaient tous les territoires qu'ils avaient occupés. "La victoire des romains", révélée au prophète par Dieu dans le Qoran, s'était miraculeusement produite. |
Au lendemain de cette victoire, tout de suite après la trêve de Hudaibîyah, en l'an 6 de l'hégire (correspondant à l'an 628 après J.C soit 18 ans après le début de la prophétie), le Prophète envoya diverses lettres, dont une à Héraclius, que voici :
« Par le nom de Dieu, le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux. De Muhammad, esclave de Dieu et Son envoyé, à Héraclius, grand-chef des Romains (rûm) : Paix à qui suit la vraie voie ! J'ajoute que je t'appelle de tout l'appel de l'Islam : soumets-toi (à l'Islam) et tu seras sauf. Soumets-toi et Dieu te dispensera double mérite. Mais si tu te dérobes, le crime des paysans (tes sujets) retombera sur toi. ` Et (vous), ô gens du Livre, venez-en à un dire qui soit commun entre nous et vous : que nous n'adorions que Dieu, sans rien Lui associer, et que parmi nous nul n'en prenne d'autres pour Seigneur en dehors de Dieu. Puis s'ils tournent le dos, eh bien, dites : Soyez témoins que, certes, c'est nous qui sommes les Soumis (à Dieu, Muslimûm)'. Le sceau : Muhammad Rasûl Allâh |
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Dihyah al-Kalbî, le porteur, avait mission de remettre le message au gouverneur de Busrà (Palestine) pour qu'il le transmît à l'empereur, qui était en route pour Jérusalem.
L'envoyé du Prophète reçut tous les égards dûs à un ambassadeur, mais sa mission eut peu de succès. A l'exception de Zonaras, les chroniqueurs byzantins n'ont pas cru cet évènement assez important pour le citer.
L'existance de l'original de cette lettre nous a été rapporté par des témoins oculaires: Suhaili (mort en 1185) l'avait vu à la cour d'Alphonse 7 de Castille en Espagne; un siècle plus tard Ainî en a parlé, sur le témoignage d'un ambassadeur envoyé par le roi mamelouk d'Egypte en Espagne. En 1211, le roi almohade Nâsir ibn Ya`qûb et les membres de son entourage virent eux aussi le précieux document, apporté par le roi de Castille pour le montrer au roi almohade, en manière d'intercession. Ibn Fadlallâh aI-`Umari (mort en 1347), secrétaire de la chancellerie égyptienne, nous dit à son tour que l'ambassadeur d'Espagne l'avait assuré que la lettre en question se trouvait toujours en la possession de son maître, et que ce souverain était un descendant d'Héraclius. Il n'y a donc pas de doute qu'un tel document a existé en Espagne chrétienne ; était-il authentique, ou forgé, comme tant d'autres en Orient chrétien, nous l'ignorons. Les historiens marocains (`Abd al-Haiy al-Kattâni entre autres), sont convaincus que le document existe encore, et se trouve peut-être même à Paris. On pourrait expliquer le voyage de ce document de la chancellerie de Constantinople en Espagne par la chute de la dynastie d'Héraclius ; et d'Espagne en France par l'occupation de l'Espagne par Napoléon. Actuellement les plus hautes autorités espagnoles comme françaises affirment ignorer l'existence d'une telle lettre dans les archives de leurs gouvernements respectifs. L'original de cette lettre a reparu et, selon les experts du Musée Britannique de Londres, son parchemin peut bien être aussi ancien que l'époque du Prophète. Le journal al `Amal de Turnis (N° 5807, daté du 5 mai 1974 (16 Rabî` ath-thânî 1394) en parle dans 8 colonnes et publie le fac-similé de l'original. Mohammad Hamidullah, dans son livre "la vie du prophète Tome I" y relève que la fameuse graphie de la lettre hâ médiane comme T se retrouve ici aussi : ligne 2 et ligne 7. (cf paragraphe ( §) 521, et § 623 b, 650 c de son livre pour plus de détails) |
Le gouvernement d'Abû-Dhabi, Etat de l'Arabie du Sud-Est, a acquis ce précieux document, en dédommageant la propriétaire qui, quittant la Jordanie, résidait en Suisse.
Le conseiller culturel du chef de l'Etat d'Abu-Dhabi, le savant Dr 'Izzuddin Ibrâhîm en a parlé dans plusieurs milieux ; et son entretien devant la cour de son souverain a été résumée dans le journal al Ittihâd, d'Abû-Dhabi, daté du 8 mai 1974. Voici la traduction de l'avant-dernier paragraphe de son entretien : "L'examen de l'expertise moderne. a) L'examen microscopique a prouvé que le tannage (de la peau sur laquelle la lettre du Prophète à Héraclius est écrite) est primitif, et moins perfectionné que celui du 2 ième siècle de l'hégire, comme on le trouve dans les MSS du Coran et autres documents (anciens) dans le British Museum. Cet examen a montré que sur le document il y a des restants de fils verts ; probablement parce que le roi Alphonse (d'Espagne) ainsi que la propriétaire moderne le gardaient enveloppé d'une pièce de soie verte. b) L'examen par rayons ultra-violets a prouvé la pénétration de l'encre et son ancienneté, et que la peau est vierge : elle n'est pas palimpseste, ayant déjà servi à d'autres écrits auparavant. c) L'examen chimique de l'encre. On n'a pas pu analyser l'encre (sur le document), mais on y a décelé les propriétés d'une encre qui est connue par ses forts sédiments : c'est l'encre de "iron tannate" (tannate de fer), ce qui explique le fait que l'encre de ce document est toujours fraîche. On sait que l'encre du 2 ième siècle était dérivée de charbon. d) Examiné dans le laboratoire de l'Université de Leeds, par le Dr Reed, qui pense que l'âge du document n'est pas moins d'un millier d'années, il ajoute textuellement: " l'examen de l'écriture sur la peau est en général correcte (digne de confiance) ". Avec nos remerciements à M. `Izzuddîn Ibrâhîm qui souhaite -et nous aussi- que les autres originaux des lettres du Prophète qui nous sont parvenus doivent être objets de pareille expertise par les moyens modernes. |
PS :
Il paraît que quand le Roi Hussein de Jordanie prit connaissance de l'affaire, il intervint, et selon l'ambassade de Jordanie â Paris, le précieux document se trouve maintenant (1977) à Amman et que quand la construction de la grande mosquée Hâchimîyah sera achevée, le document y serait transféré.